« Matthieu Faury, avec Cœur de primate, s’engage dans un challenge plus compliqué qu’il n’y paraît. Il ne s’agit pas seulement pour lui de se colleter avec le marbre gris, roche d’une exceptionnelle dureté pour en extraire, par soustraction de matière, le volume d’un gorille de pierre. Encore lui faut-il corriger la représentation même du gorille, une représentation dévoyée et travestie dans les mentalités (…) Comment Matthieu Faury considère-t-il le gorille, avec quel regard ? Un regard d’humain du XXIe siècle, à un moment où la nouvelle Jeanne d’Arc s’appelle Greta Thunberg, et où les combats sont de première urgence contre les prédateurs de tous genres et toutes formes d’écocide. Non que la démarche de Matthieu Faury soit strictement écologique (l’art dit « écologique » a ses règles, à commencer souvent par son inscription physique dans l’environnement naturel), elle n’en est pas moins dictée par cette « décence commune » (George Orwell) devant servir de carburant à l’éthique du moment. »

ECCE GORILLA, M.Faury, A.Brétinière, texte de Paul Ardenne,
Éditions Marion Charlet, 2020.